François Charlet

Actualités, opinions et analyses juridiques et technologiques internationales et suisses

Et vous, vous aimez les blawgs ?

15/01/2012 3 Min. lecture Opinions François Charlet

Pas de bla-bla juridicojuridique aujourd’hui. J’aimerais rebondir (et c’est un grand mot) sur un article de Slate.fr qui évoquait la croissance de la blogosphère juridique, en particulier en France.

Il semblerait que de plus en plus de magistrats, d’avocats et de juristes s’adonnent à la tenue d’un blog, ou d’un site web, sur lesquels ils relatent leurs affaires (sans trop de détails, secret professionnel oblige), leur vie au tribunal, réagissent à l’actualité, offrent un point de vue éclairé sur un thème brûlant, etc. En anglais, on désigne cela un “blawg” (contraction de blog et law). Slate.fr révèle que la naissance de ces blawgs se trouve dans “le mélange d’un malaise palpable dans la façon dont magistrats et avocats se voient associés à l’institution judiciaire, alors même qu’ils tiennent à rendre compte, jour après jour, de l’action de la justice”.

C’est une idée intéressante, mais je trouve que leur autre hypothèse est plus facilement vérifiable et “crédible”. Si l’offre décolle, c’est qu’il y a sûrement de la demande ! Et s’il y a de la demande, c’est certainement en conséquence à la complexification du droit et à l’émergence des nouvelles technologies qui bouleversent Dame Justice, entre autres.

Il est vrai que le droit est difficile à appréhender. Ni noir, ni blanc, il est constitué d’une multitude de variations de gris. Le juriste compose. Je n’irai pas jusqu’à le traiter d’artiste, mais il faut se rendre compte que derrière une solution juridique qui parait évidente à la lecture de la loi, se cachent encore d’autres règles, écrites, publiées, mais moins connues : la jurisprudence et la doctrine. Pour la métaphore, on pourrait dire que la loi est le cadre d’un tableau, la jurisprudence et la doctrine constituent la peinture que le juriste (magistrat, avocat, professeur de droit, etc.) barbouille ensuite pour en faire quelque chose de cohérent, d’acceptable… de juste.

De la même manière que tout un chacun ne peut appréhender en 30 minutes la physique des particules, on ne peut appréhender le droit en si peu de temps. Pour ma part, en tant qu’étudiant en fin de Master (Maitrise universitaire), je n’ose même pas dire que j’ai appréhendé le droit. Tout juste si j’en ai aperçu les rouages au détour de mes vagabondages académiques en soulevant un pan de la robe de Dame Justice. Et quand je vois avec quelles difficultés je dois accepter des décisions juridiques qui choquent ma conscience, combien il a été rude de chercher des solutions à des problèmes (pourtant “simples”), et à quel point les études de droit sont difficiles, je ne m’étonne pas que les gens n’y comprennent presque rien, s’offusquent quand on acquitte un criminel que pourtant tout accuse, veulent à la fois sécurité et liberté, etc.

Bien que je n’aie pas encore de réelle légitimité pour parler de droit ou disserter là-dessus, c’est notamment pour répondre à ces préoccupations que je tiens ce blog. Et selon les statistiques que j’obtiens, c’est surtout pour obtenir des informations juridiques que les internautes consultent ce blog.

Tout cela pour conclure en vous demandant si vous consultez des blawgs et pourquoi ?

(Les deux blawgs français que je consulte sont celui de Maitre Eolas et de Maitre Mô. Je vous les recommande !)