François Charlet

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La protection des mineurs selon Facebook laisse à désirer

22/10/2013 3 Min. lecture Droit François Charlet

Facebook a annoncé il y a quelques jours avoir changé deux choses pour les utilisateurs de moins de 18 ans. Par défaut, les publications de ces mineurs seront limitées aux amis, mais ils pourront aussi changer ce paramètre au moment de publier une information et la rendre visible publiquement. Ce dernier paramètre devrait inquiéter les parents, en particulier au vu des arguments avancés par Facebook pour justifier ces changements.

Auparavant, les informations publiées n’étaient ouvertes par défaut qu’aux amis des amis. Les mineurs n’avaient pas la possibilité de publier des informations de manière publique. Avec les changements annoncés, Facebook restreint donc le niveau de publicité par défaut des publications, mais va permettre la diffusion publique de publications.

Facebook justifie ce changement comme suit :

Teens are among the savviest people using social media, and whether it comes to civic engagement, activism, or their thoughts on a new movie, they want to be heard. […] this update now gives them the choice to share more broadly, just like on other social media services.

Selon Facebook, les adolescents font partie des gens qui ont le plus de connaissance pratique des réseaux sociaux, et quand il s’agit de parler d’engagement civique, d’activisme ou d’impressions sur un nouveau film, ils veulent être entendus. Grâce à cette mise à jour, ils ont désormais le choix de partager encore plus largement, comme ils peuvent le faire sur d’autres réseaux sociaux.

Mais Facebook se veut “rassurant” :  les adolescents verront apparaitre un rappel au moment de publier une information publiquement.

When teens choose “Public” in the audience selector, they’ll see a reminder that the post can be seen by anyone, not just people they know, with an option to change the post’s privacy.

La belle affaire.

Commentaire

Facebook ne peut pas (en tout cas aux États-Unis et en l’état de la législation actuelle) autoriser des mineurs de moins de 13 ans à s’inscrire sur son site (Children’s Online Privacy Protection Act). Cela n’empêche pas ces derniers d’y arriver, il suffit de mentir sur leur âge. On n’exige pas de Facebook de contrôler l’identité et la véracité des informations fournies et il serait sûrement compliqué pour Facebook de mettre en place en tel système. Cependant, le réseau social est parfaitement conscient que les mineurs sont très actifs via ses services. Au lieu de renforcer leur sécurité, il leur permet de s’ouvrir au monde entier, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer.

Désormais, le profil Facebook des mineurs peut accueillir des abonnés et il ne peut plus être caché (comme tous les autres profils) dans le moteur de recherche interne du site, ce qui rendra leur profil encore plus vulnérable aux harcèlements et aux prédateurs en tout genre. Mais ce n’est pas tout.

Depuis que Facebook est entré en bourse, sa préoccupation première est d’assurer un accroissement constant de la valeur des actions pour satisfaire les actionnaires. C’est ce que l’on constate aujourd’hui : il sera donc encore plus facile pour les publicitaires de cibler ces adolescents.

(Publiez-vous sur Internet des informations sur vos enfants ? Si oui, cliquez ici.)