Il ne faut pas rémunérer les utilisateurs pour les données personnelles qu'ils partagent
C’est avec un peu d’affolement que je lis aujourd’hui que Jean-Christophe Schwaab, Conseiller national socialiste, estime que
Wenn sich Apple und IBM schon eine goldene Nase verdienen, müssten die Nutzer wenigstens etwas von dem Geld erhalten.
En français, “si Apple et IBM s’en mettent plein les poches [grâce aux données personnelles], les utilisateurs devraient pouvoir recevoir une partie de cet argent”.
Ce que propose M. Schwaab, c’est ni plus ni moins que de donner une raison supplémentaire aux utilisateurs à partager encore plus de données personnelles à leur sujet.
Plus tu partages, plus tu gagnes ?
Avec un tel système, plus personne (hormis quelques idéalistes) ne se posera de questions comme
- où vont les données que je partage ?
- que va-t-on en faire ?
- à qui va-t-on les transmettre ?
- etc.
Pire, une fois que nous aurons été payés, on aura encore moins de moyens de contester l’usage qui est fait de nos données. Aujourd’hui, on “paie” avec nos données personnelles pour avoir des services “gratuits”. Si demain ces mêmes services rémunéraient ses utilisateurs, ces derniers auraient encore moins de contrôle qu’aujourd’hui, notamment du fait de conditions générales durcies à leur encontre.
Et il ne faut pas se leurrer sur les montants qu’on recevrait. Ils seraient ridicules puisque Google sait déjà tout de vous, Facebook aussi (même si vous n’utilisez pas Facebook). La question sera donc de savoir s’il y a encore quelque chose à apprendre de vous et qui serait suffisamment intéressant pour qu’on vous rétribue (modestement).
Si la proposition de M. Schwaab est un moyen temporaire de rendre les utilisateurs “attentifs” aux données personnelles qui sont collectées, elle prend la direction totalement opposée d’une responsabilisation individuelle et d’un renforcement des droits fondamentaux des citoyens, qui doit se faire en parallèle à un durcissement des lois de protection des données.
Veut-on vraiment transformer encore plus Internet (et le web en particulier) en espace de consommation, qui plus est au détriment des internautes ? Absolument pas. Venant de la part d’un socialiste, la proposition de M. Schwaab (d)étonne.