François Charlet

Actualités, opinions et analyses juridiques et technologiques internationales et suisses

Voyeurisme : les cas canadiens et le droit suisse

22/05/2019 11 Min. lecture Droit François Charlet

Deux cas de voyeurisme ont été tranchés en ce début d’année 2019 par la justice canadienne, l’un par la Cour Suprême, l’autre par la Cour d’appel de l’Ontario.

Au Canada, le “voyeurisme” est une infraction pénale (art. 162 par. 1 du Code criminel) passible d’une peine privative de liberté de 5 ans au maximum.

Commet une infraction quiconque, subrepticement, observe, notamment par des moyens mécaniques ou électroniques, une personne — ou produit un enregistrement visuel d’une personne — se trouvant dans des circonstances pour lesquelles il existe une attente raisonnable de protection en matière de vie privée, dans l’un des cas suivants :
a) la personne est dans un lieu où il est raisonnable de s’attendre à ce qu’une personne soit nue, expose ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale ou se livre à une activité sexuelle explicite ;
b) la personne est nue, expose ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale ou se livre à une activité sexuelle explicite, et l’observation ou l’enregistrement est fait dans le dessein d’ainsi observer ou enregistrer une personne ;
c) l’observation ou l’enregistrement est fait dans un but sexuel.

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Renseignement policier : la CourEDH rappelle à l'ordre la Grande-Bretagne sur la conservation des données

18/04/2019 6 Min. lecture Droit François Charlet

La Cour européenne des droits de l’homme (CourEDH) a rendu un arrêt (en anglais) le 24 janvier 2019 dans la cause CATT v. UNITED-KINGDOM n° 43514/15 sur la compatibilité du traitement de données personnelles par un organisme étatique avec l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).

Faits

Le requérant milite activement pour la paix depuis 1948. En 2005, il commença à participer à des manifestations organisées par un groupe protestataire violent, qui donnaient lieu à une forte présence policière. Il n’avait lui-même jamais été condamné pour une quelconque infraction et le risque qu’il commît des violences était faible.

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Incompatibilité entre le RGPD et les cookie walls

26/03/2019 3 Min. lecture Droit François Charlet

L’autorité de protection des données des Pays-Bas a indiqué il y a quelques semaines, après avoir reçu de nombreuses plaintes, que les cookie walls n’étaient pas conformes au RGPD.

Un cookie wall est un dispositif qui empêche un internaute d’accéder à un service (par ex. un site web) s’il n’a pas accepté que des cookies de tracking soient installés sur son périphérique. Un tel cookie wall n’est donc pas admissible au sens du RGPD car l’internaute n’est pas libre de donner son consentement à un traitement de données visant à analyser son comportement. En effet, l’internaute est confronté à un choix qui exerce sur lui une pression non négligeable : soit il renonce à un peu de vie privée pour accéder au service, soit il n’y accède pas. Le choix n’est donc ni libre, ni réel, puisque l’internaute s’expose à des conséquences en cas de refus.

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La réglementation sur la protection des données est-elle futile ?

11/02/2019 6 Min. lecture Opinions François Charlet

2018 a été un tournant en Europe et dans le monde dans le domaine de la sphère privée et de la protection des données. L’application du RGPD en mai a provoqué un vent de panique dans les milieux économiques, similaire à un krack boursier (toutes proportions gardées). Tout le monde ne parlait que de ça. Un temps entretenu par des experts, des articles et autres allocutions qui rappelaient à qui voulait l’entendre les importants risques financiers encourus en cas de violation, le soufflé a fini par retomber. Désormais, ce sont les autorités de protection des données des États membres de l’UE et la CJUE qui tiennent le monde en haleine respectivement avec les sanctions (comme celle de Google) et les interprétations des textes de loi.

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RGPD : la CNIL inflige une amende de 50 millions d'euros à Google

23/01/2019 10 Min. lecture Droit François Charlet

Le communiqué de presse de la CNIL a fait l’effet d’une petite bombe et a rapidement fait le tour du monde lundi 21 janvier 2019. En raison de son manque de transparence, d’informations lacunaires et de la validité défaillante du consentement des internautes pour la personnalisation de la publicité, la CNIL française a infligé une amende de 50 millions d’euros à Google. Cette décision fait suite aux plaintes déposées par l’association NOYB de Max Schrems dont j’avais parlé ici et par La Quadrature du Net (LQDN).

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